«J’ai appris la réorganisation complète du service auquel j’appartiens au détour d’un mail de ma N+1 dont l’objet n’avait rien à voir. Elle avait juste ajouté à la fin “au fait, on va changer d’organisation et ça va se passer comme ça”», raconte, encore furieux, Pierre-Yves, consultant en informatique. «Depuis le premier confinement, mon boss ne me briefe plus que par mail. Le problème, c’est qu’il répond une fois sur trois à mes demandes de précision… Du coup, je vis dans l’angoisse permanente d’une catastrophe imminente qui pourrait survenir à la suite d’une mauvaise interprétation de ma part», s’inquiète Lauriane, commerciale dans l’industrie plastique. Quant à Luc, il aurait beaucoup à dire des réponses électroniques laconiques de certains membres de son équipe : «Je ne compte plus le nombre de fois où l’on me répond “OK” alors que je propose de choisir entre deux options ! OK quoi ?»

Depuis le début de la crise sanitaire et la généralisation du télétravail, le nombre de mails a augmenté de façon exponentielle. Selon Statista, quelques 306,4 milliards de courriers électroniques sont envoyés chaque jour dans le monde, dont 1,4 milliard en France ! Pour David Mahé, fondateur de Human and Work, premier groupe de conseil européen consacré à l’humain au travail, cette «obésité digitale» liée à la distance soulève deux problèmes. Primo, une raréfaction de la communication informelle, ces fameux échanges à la machine à café qui fluidifient les rapports et évitent bien des malentendus. Deuxio, le risque de privilégier la communication descendante, du manager vers les managés. Or, selon l’expert, la communication, pour être efficace, «doit continuer à circuler dans les deux sens. Il est primordial de s’intéresser aux autres, de s’assurer qu’ils sont en situation de travailler et d’écouter tout en leur donnant de l’information.»

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