Qu’elles soient en interrogation sur leur évolution ou en transition professionnelle, les personnes que nous accompagnons ont ou vont avoir besoin de communiquer clairement leurs envies et surtout d’être crédibles, convaincantes. La plupart ont la même difficulté : parler d’elles-mêmes avec objectivité.

Bien sûr, la situation qu’elles vivent n’est pas habituelle pour elles. Doute sur l’avenir dans l’entreprise ou perte d’emploi, les émotions ne sont pas vraiment positives, la confiance est entamée et la capacité de parler d’elles suit la même pente. Au-delà de cela, les notions de ce qu’il faut être, de ce que l’on doit dire prennent le pas sur ce que l’on est vraiment et que l’on a tout intérêt à mettre en avant.

Comment sortir de ces croyances, de ces émotions trop fortes et donner à voir le meilleur de nous-mêmes ?

1) Retrouver notre état émotionnel normal : avoir besoin de se rassurer et pas d’énergie pour le faire ou une frénésie d’aller dans tous les sens pour vite retrouver une situation « normale », c’est le « nous » stressé, ce n’est pas le « bon » nous. Pour nous retrouver, nous avons besoin de temps, d’apaisement et de prendre soin de nous-mêmes sans culpabiliser de « perdre du temps ». Une bonne énergie émotionnelle est essentielle à une bonne communication personnelle. Remplaçons « il faut », « je dois » par « j’ai besoin », « j’ai envie ».

2) Explorer notre parcours objectivement : bien sûr il y a des échecs mais ne sont-ils pas plutôt des apprentissages ? Et les réussites, ce quotidien que nous trouvons parfaitement normal, banal, comme élever des enfants, tenir une maison, travailler à temps plein, prendre du temps pour nos proches…soyons-en fiers. le sourire de ceux que l’on aime parle plus de ce que l’on est que la mauvaise humeur de notre boss. Faire la somme des réussites et des échecs qui nous ont fait progresser est plus juste que de ne penser qu’en soustractions et temps « perdu ».

3) Penser à ce que nous sommes aujourd’hui objectivement : plus de 50 ans donc bon à rien sur le marché ou pas crédible car à peine 20 ans ? Peu importe l’âge, le sexe, la culture, l’origine, l’expérience… ce qui compte c’est ce qu’on est aujourd’hui et ce que l’on a envie d’en faire maintenant. Ne pas s’acharner à penser ce que les autres veulent ou ne veulent pas faire de nous. Bonne nouvelle, « les autres » ne pensent pas tous de la même façon, ce ne sont que les statistiques qui tirent des conclusions définitives sur des majorités versatiles.

4) Déterminer ce que l’on veut vraiment pour nous : on ne cherche pas une aiguille dans une botte de foin, on identifie la botte de foin qui nous va bien et on la cherche en étant le plus exigeant possible sur ce que l’on veut pour nous sentir bien. Ce n’est souvent pas le poste lui-même qui compte, nous sommes beaucoup plus qu’un titre, c’est le lieu et les personnes avec qui nous allons mettre en œuvre nos compétences.

5) Se mettre au présent et se projeter sur l’étape d’après : ce n’est pas « je veux être » c’est « je suis » et une fois à ce poste, j’en fais quoi ? Qu’est-ce j’ai envie d’apporter dans cette fonction, dans cette entreprise qui me plaît ?

6) Être bien avec l’histoire que nous racontons : elle nous donne envie à nous, elle ne nous ennuie pas, elle parle plus de présent et de futur que de passé, les mots viennent facilement car ils nous ressemblent…racontons à qui nous voulons, nos amis, nos enfants, tout(e), seul(e) devant une glace ou en en mangeant une. Même si c’est notre histoire, s’exercer à la raconter nous permet de l’améliorer, de mieux la sentir.

7) Rester nous-mêmes : il n’y a qu’Obama qui peut faire du Obama, ou Trump du Trump, bizarrement, bien que radicalement opposés, les deux ont marché. Leurs discours leur ressemblent, ils ne travestissent rien (sur la forme), ils sont eux-mêmes et c’est ça qui colle (ou insupporte). Vous n’aimez pas parler de vous ? vous êtes introverti ? et alors ?! Posez des questions, faites parler les autres, ils vous poseront les questions dont les réponses les intéressent vraiment et vous feront parler de vous. Les extravertis sont avantagés ? Attention, s’ils prennent toute la place, ils vont être encombrants. Les autres ne sont pas mieux ou moins bien que nous, ils sont différents alors servons-nous de nos différences comme des avantages, ne pas les cacher ni les travestir ni les exagérer.

J’aurais pu raconter l’histoire en 3 points, en 10, j’en ai trouvé 7 et ça me va bien à moi, c’est donc comme cela que je vous la raconte, avec mon ressenti, issu de mon expérience et des personnes que j’ai accompagnées. Une chose est sûre, si ce que vous racontez ne vous ressemble pas, soit cela ne marchera pas, soit vous aurez un résultat qui, à termes, ne vous ira pas.

Racontez-vous comme vous êtes.

Philippe Négrier

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